La Possibilité d'un monde
Alors que les ressources de l'humanisme pour penser le sens, c'est-à-dire les grandes conceptions eschatologiques de l'histoire qui nourrissaient l'espérance pour l'homme de s'approprier son essence, semblent épuisées, les recherches de Jean-Luc Nancy, Professeur émérite à l'université Marc Bloch de Strasbourg, proposent une explication avec la tradition occidentale dans ses registres philosophique, théologique et politique. S'il n'y a plus de cosmos, s'il n'y a plus de mundus, ce mot latin qui voulait dire « pur », nous ne sommes plus dans l'unité, dans la beauté ; tout a pris une allure aventureuse, complexe, dispersée. Si les mots et les concepts nous manquent pour appréhender ce à quoi nous sommes exposés et qui vient, il reste à réévaluer, à déplacer, à déconstruire les idées dont nous disposons. La tâche est de tenter l'élaboration d'une nouvelle ontologie, rompant avec les catégories traditionnelles de l'Un et du multiple, de l'universel et du particulier pour envisager le rapport du pluriel et du singulier. Penser l'être pluriel, c'est chercher à comprendre ce que veut dire « être-ensemble », en commun, au monde, c'est ouvrir la totalité des possibilités de sens.