Depuis les années 1980, les inégalités se creusent partout
en Amérique du Nord et en Europe. Au même moment,
on observe un reflux des États-providence. Même si chacun le
déplore, nous désirons de moins en moins l'égalité concrète.
Mais ce ne sont pas seulement les crises et les inégalités
qui affectent les liens de solidarité, c'est aussi la faiblesse
de ces liens qui explique que les inégalités se creusent. Pour
beaucoup, il serait temps de se débarrasser du politiquement
correct qui empêcherait d'appeler les choses par leur nom :
les «races», les «racailles», les «assistés», etc. En dépit de
leurs principes affichés, les sociétés «choisissent» l'inégalité.
Ce livre montre que l'aggravation des inégalités procède d'une
crise des solidarités entendues comme l'attachement à des
liens sociaux qui nous font désirer l'égalité de tous, y compris
de ceux que nous ne connaissons pas. Il est urgent d'inverser
l'ordre du triptyque républicain : «Fraternité, Égalité, Liberté».