Les États-Unis d’Amérique sont le seul pays au monde où la presse n’ait point eu à soutenir de luttes longues et pénibles, où elle n’ait point acquis l’influence et la popularité au prix de la persécution, où elle ait pris place de bonne heure et presque sans résistance dans les mœurs nationales. Aussi est-ce la plus jeune des nations qui nous offre les journaux les plus anciennement établis, des feuilles politiques déjà plus que centenaires. On peut dire que les Américains ont eu des journaux dès qu’ils ont pu les imprimer. La presse, dont les débuts ont été si laborieux en Europe, n’a guère rencontra au-delà de l’Atlantique d’autres obstacles à son développement que les difficultés matérielles, difficultés inévitables dans un pays nouveau, où tout était à créer, et où la politique jalouse de l’Angleterre, étouffant à dessein le moindre germe d’industrie, tournait opiniâtrement tous les esprits vers les occupations agricoles. Ce n’est pas sans surprise que l’historien voit apparaître les journaux dans les colonies anglaises dès les premières années du XVIIIe siècle. C’est une preuve irrécusable, et de l’activité intellectuelle de cette société naissante, et de la rapidité avec laquelle les idées et les usages se transmettaient déjà de la métropole au continent américain...