De nombreux travailleurs et travailleuses appartiennent à des catégories subalternes dont on entend généralement peu parler, y compris dans les ouvrages consacrés à la souffrance au travail. La crise du Covid-19 a propulsé ces professions souvent mal considérées – aides-soignantes, auxiliaires de vie, caissières, éboueurs – sur le devant de la scène publique, et l’on s’est rendu compte que leurs activités étaient essentielles. Ce travail qui confine souvent au «?sale boulot?» relève de la production du vivre. Les analyses recueillies dans ce livre nous apprennent que maintenir les conditions d’un monde ordinaire qui soit vivable, en particulier pour les plus vulnérables d’entre nous, relève d’un travail invisible, silencieux, mal jugé et mal compris. Ce travail non reconnu est majoritairement réalisé par des femmes et confondu avec une soi-disant nature féminine – ce qu’il s’agit ici de déconstruire.
Cet ouvrage est fondé sur des enquêtes empiriques et théoriques. Il montre l’envers du décor, fait entendre des voix habituellement étouffées, et met en lumière la complexité de ce type de travail. Il interroge aussi les pratiques de l’écoute psychologique et la place qu’elles accordent aux expériences « subalternes ».