Eli a tué, il a ramassé les morts, et un jour, on l'a assassiné. Le gouvernement n'a pas sauté, mais Eli, oui. Un vendredi matin, il a acheté des fleurs pour sa mère en rentrant de la base, il aurait pu les prendre en bas de la maison mais il se disait qu'à la Moshava les fleurs étaient plus jaunes plus rouges plus bleues et l'herbe plus verte, il a pris l'autobus 18 et, au coin d'une avenue et d'une rue, il a valsé avec trois poussettes deux grand-mères la fille du grand rabbin de Jérusalem qui était en même temps la cousine de la femme du Premier ministre une femme de ménage philippine un Arabe du village d'Abou Gosh un autre de Beit Sahour...
Endeuillée par le meurtre de son unique fils et seule dans l'existence, Sharon, quarante-deux ans, renoue peu à peu avec la vie et tente une insémination artificielle à... Oslo. Ciselant les paradoxes intimes d'une femme juive orthodoxe que sa pratique religieuse corsète et épanouit à la fois, Gilles Rozier met en scène, au coeur du quotidien, des personnages formidablement emblématiques de la société israélienne.