Qu’appelle-t-on une idée-force ? Pourquoi est-elle fondamentale en psychologie ?
Chaque être est en rapport avec tous les êtres ; il en subit l’influence, il influe sur eux à son tour. C’est ce que Platon et Leibniz appelaient l’universelle harmonie, grâce à laquelle tout être devient le miroir de l’univers ; c’est ce que Kant appelait l’universelle réciprocité d’action.
L’unité indissoluble de la pensée et de l’action est la loi psychologique d’importance capitale que nous résumons par le terme : idée-force. Tout état de conscience est idée en tant qu’enveloppant un discernement quelconque, et il est force en tant qu’enveloppant une préférence quelconque ; si bien que toute force psychique est, en dernière analyse, un vouloir...
Le principe d’où part la psychologie des idées-forces est le suivant : tout fait de conscience est constitué par un processus à trois termes inséparables : 1) un discernement quelconque, qui fait que l’être sent ses changements d’état, et qui est ainsi le germe de la sensation et de l’intelligence ; 2) un bien-être ou malaise quelconque, aussi sourd qu’on voudra, mais qui fait que l’être n’est pas indifférent à son changement ; 3) une réaction quelconque, qui est le germe de la préférence et du choix, c’est-à-dire de l’appétition. Quand ce processus indivisiblement sensitif, émotif et appétitif, arrive à se réfléchir sur lui-même et à constituer une forme distincte de la conscience, nous l’appelons, au sens cartésien, une idée, c’est-à-dire un discernement inséparable d’une préférence.