Le De pudicitia n'est pas comme son titre pourrait le
laisser croire un traité de morale, mais un traité polémique
et dogmatique d'une importance particulière,
car il constitue la première réflexion approfondie sur
la pénitence et le pouvoir de L'Église de remettre les
péchés. A partir de l'interprétation de paraboles
évangéliques (VII-X), de l'enseignement de Paul (XIII-XVIII)
et de celui de Jean (XIX), Tertullien justifie son
intransigeance en matière de pénitence et opère une
distinction fondamentale entre péchés rémissibles et
péchés irrémissibles (adultère, inceste, homicide,
idolâtrie), entre le pardon humain et le pardon divin.
Son rigorisme montaniste le conduit désormais à
adopter sur la pénitence une position radicalement
opposée à celle qu'il recommande dans le De paenitentia.
Ce traité est également marqué d'une forte
empreinte polémique dirigée contre un évêque carthaginois
- et non contre l'évêque de Rome,
Calliste : Tertullien y dénonce avec sa vigueur coutumière
le laxisme d'un édit épiscopal qui, en admettant
trop facilement les pécheurs à la pénitence, porte
du même coup atteinte à la pureté de L'Église et
lui communique l'impudicité du monde.