Stig Dagerman est l'un des écrivains nordiques les plus
lus et les plus commentés en France et en Italie, alors qu'il
connaît un succès plus mitigé ailleurs. Cet ouvrage a pour but
d'analyser la réception de son oeuvre en France, tout en
s'intéressant à la question plus large de la lecture et du statut
de la littérature étrangère.
Dagerman a fait, dès le départ, l'objet d'une mythification
en France. C'est le suicide de l'auteur qui a permis au mythe
d'éclore. Ses origines nordiques provoquent une avalanche
d'associations climatiques, sociales et littéraires dans
l'imaginaire des critiques. Ces références rejoignent des
mythes préexistants sur le Nord, comme celui notamment qui
présente la région comme un endroit lointain où règne un
«éternel hiver».
Le succès de l'oeuvre de Dagerman à Paris semble avoir
eu un impact important pour la (re)découverte et la lecture de
son oeuvre en Italie, mais aussi, il est vrai, en Suède. Cette
étude met en lumière certains mécanismes des échanges
littéraires en traçant l'itinéraire d'un écrivain étranger, disparu
depuis un demi-siècle avant sa consécration littéraire internationale
: celui que l'on appelle parfois le «Rimbaud du
Nord» ou le «Camus svedese», Stig Dagerman.