Si Pierre Bourdieu disait que la sociologie est un sport de combat, l'ethnographie, entendue comme enquête de terrain et travail d'écriture, est une épreuve à risque. En Chine, en Iran, au Guatemala, et sous d'autres régimes autoritaires, des chercheuses et des chercheurs sont menacés, emprisonnés, assassinés. Mais les démocraties ne sont pas exemptes de pressions de l'État, comme on l'a vu en France avec les accusations d'islamo-gauchisme. À partir d'exemples récents, Didier Fassin s'attache ici à décrypter les risques auxquels s'exposent chercheuses et chercheurs en sciences sociales, notamment lorsqu'ils dévoilent l'arbitraire de l'ordre établi. S'appuyant sur son expérience des pratiques d'intimidation policière à l'encontre de volontaires portant assistance à des exilés en haute montagne et des complications légales liées à une enquête sur la mort d'un voyageur tué par une unité d'élite de la gendarmerie, il livre un plaidoyer pour la liberté de ta recherche sans éluder la responsabilité de celles et ceux qui la conduisent.