La reconstruction de l'Europe occidentale est un classique de
l'histoire de l'après-guerre.
Basé sur des recherches approfondies dans des fonds d'archives
d'une dizaine de pays et une exploitation rigoureuse des
matériaux statistiques, l'ouvrage analyse le processus du
redressement politique et économique du continent européen
après la guerre et l'origine du grand boom. Il remet en cause
nombre d'idées reçues sur la nature et les effets du plan
Marshall, l'OECE, l'Union européenne des paiements, le plan
Schuman et le système de Bretton Woods et sape les interprétations
mythologiques des relations transatlantiques après 1945.
Alan S. Milward s'interroge aussi sur les origines de la construction
européenne et sa réponse qui se situe au-delà du clivage
entre réalistes et idéalistes constitue un apport majeur aux études
européennes : l'objectif prioritaire des Etats signataires de traités
qui ont choisi de déléguer une partie de la souveraineté nationale
à des institutions communes n'était pas de construire une Europe
unie et supranationale mais de retrouver une légitimité et de s'affirmer
comme des unités fondamentales de l'organisation politique
en renouvelant le système interétatique. C'était un choix
tout à fait utilitariste, fondé sur des calculs coûts/bénéfices.
A l'heure où l'euroscepticisme gagne du terrain, où la zone euro
est en crise, où la fragmentation menace l'Union européenne,
l'ouvrage d'Alan S. Milward conserve toute son actualité :
«contre les projets d'Europe plus supranationale que la crise
financière semble imposer, il fournit des arguments puissants
pour combattre l'anti-européanisme, au nom des intérêts nationaux
des Etats» (Mario Telò).