Scandales sanitaires, violences policières, pollutions environnementales, manquements au Code du travail, évaluations de politiques publiques... Dans ces circonstances, extraordinaires ou non, saisir l'inspection suscite rarement d'oppositions a priori. Mais alors, pourquoi les services d'inspection sont-ils dans le même temps si régulièrement contestés ? Tatillons, ils entraveraient la bonne marche de l'économie ; déconnectés du terrain, ils incarneraient un pouvoir bureaucratique sourd aux revendications ; soumis à l'autorité d'une tutelle, ils "blanchiraient" délibérément les inspectés fautifs.
Les contributions réunies dans cet ouvrage montrent que les services d'inspection n'ont pas qu'un nom en commun mais qu'ils partagent un même rôle d'intermédiaire entre des inspectés et des donneurs d'ordre. L'inspecteur n'est pas seulement celui qui vérifie que les inspectés appliquent la règle, il se fait également le rapporteur de ce qu'ils lui ont donné à voir auprès du donneur d'ordre. C'est à condition d'articuler ces deux dimensions qu'il est possible de comprendre que les critiques récurrentes de l'inspection ne conduisent paradoxalement pas à la rendre illégitime.