La réhabilitation du temps
Bergson et les Sciences d'Aujourd'hui
L'intelligence n'est qu'une partie de l'esprit : adaptée directement à la matière elle fait des prouesses dans le domaine des techniques et de la technologie ; elle doit se réformer si elle veut comprendre le vivant dont la connaissance est d'un autre ordre. C'est en quoi l'auteur est bergsonien. L'intelligence va spontanément vers ce qui se trouve au dehors d'elle - l'intentionnalité du phénoménologue - à savoir l'espace, telle que la physique classique a toujours conçu la matière.
C'est dans cette optique qu'aujourd'hui le biologiste et le neurobiologiste étudient encore le vivant, le cerveau, les vident, en les réduisant en pièces détachées, de leur propriété essentielle d'êtres vivants. En tant que scientifiques ils ne peuvent peut-être pas faire autrement - la science découpe son objet, l'isole - mais ils éliminent de leur réflexion tout ce qui est en amont de l'intelligence.
Le philosophe doit prendre en charge ce travail : au cours de l'Evolution, des formes animales de plus en plus complexes apparaissent jusqu'à l'émergence du cerveau humain qui fait de l'homme un être à part dans le règne animal, un être capable d'accéder aux notions de beauté, de vérité, de bien et de mal, ce qui est en dehors de la technique la plus avancée. Cet homme s'inscrit dans le temps. D'où la réhabilitation du temps comme durée potentielle, comme mémoire et comme histoire.