Le Tour de France cycliste fête ses cent ans en 2003. Il n'a été interrompu qu'à deux reprises, lors des guerres mondiales. Derrière l'apolitisme affiché par ses fondateurs, dans quelle mesure le Tour a-t-il partie liée avec le «modèle républicain», né comme lui, avec l'affaire Dreyfus?
«Rassembler, régénérer, éduquer»: tel était le mot d'ordre très barrésien d'Henri Desgrange qui a fait du Tour de France une sorte de «petit livre jaune de la République» durant les années du journal L'Auto. Comment Jacques Goddet et L'Équipe ont-ils assumé l'héritage d'Henri Desgrange durant près d'un demi-siècle, au sortir de l'Occupation?
Face aux bouleversements de l'espace français, comment le Tour a-t-il réussi à conjuguer tradition et modernité, unité et diversité dans une France plurielle?
Dans un contexte d'européanisation et de mondialisation, comment le Tour est-il parvenu à incarner à la fois une France des terroirs repliée sur l'hexagone et une France ouverte sur l'Europe et le monde?
Au-delà de l'épopée et de la légende des cycles, le Tour de France s'affirme ici comme objet d'histoire politique et culturelle, miroir du XXe siècle.