Depuis le milieu du XIXe siècle, la France est une terre d'immigration. On peut estimer que l'apport de celle-ci représente aujourd'hui plus d'un cinquième de la population. Notre pays a assimilé des vagues successives d'immigrés - Italiens, Polonais, Portugais, Africains, Arabes - et continue de le faire. Cependant, depuis quelques années, le «modèle français d'intégration» est entré en crise sous l'effet de plusieurs phénomènes convergents : exaltation des droits de l'individu et des différences, communautarisme à l'anglo-saxonne, tandis que s'affaiblissaient, au moins chez les élites, le sentiment d'appartenance à la nation et le sens de l'intérêt général.
Cette crise s'est surtout manifestée dans les rapports de la République avec l'islam. D'abord, de façon spectaculaire, sur le terrain de l'école avec plusieurs «affaires de foulard» ; puis, plus discrètement, avec les subventions versées au culte musulman. Chaque fois ou presque, les pouvoirs publics se sont dérobés à leur mission, partagés entre la crainte et l'aveuglement.
Or, si la pratique religieuse de la majorité des musulmans est aujourd'hui des plus paisibles, il n'en va pas toujours ainsi des autorités et des leaders d'opinion islamiques, que ce comportement incite à la surenchère et à l'irresponsabilité. Et de concessions en compromis, nous paraissons revenir sur ce à quoi nous tenons tant, après des siècles de rivalité entre l'Eglise et l'Etat : la laïcité.
Le visage que prendra désormais l'islam dépendra d'abord de nos choix. Si nous nous engageons vers le communautarisme, que ce soit le résultat d'un vrai débat politique national, et non à la suite d'arrangements juridiques concoctés par le Conseil d'Etat pour répondre à des «phénomènes de société» montés en épingle par les médias.