La France a-t-elle peur de ses autres ? En revenant sur les discours et les pratiques qui se formalisent depuis une quinzaine d’années, Sarah Mazouz interroge les « politiques françaises de l’altérité ». À partir d’une double enquête ethnographique conduite dans les dispositifs de lutte contre les discriminations raciales et dans les bureaux de naturalisation d’une grande ville de la région parisienne, elle montre comment s’articulent dans l’espace social les questions de l’immigration, de la nation et de la racialisation. En faisant porter l’examen de manière originale sur ces deux politiques, elle interroge les processus d’inclusion et d’exclusion à l’intérieur même du groupe national (via l’examen de la lutte contre les discriminations raciales) et à l’extérieur, entre le national et étranger (via l’étude des pratiques de naturalisation). Ce faisant, elle s’attache à saisir la relation paradoxale qui lie la République à ses autres et les logiques plurielles qui concourent à la production de l’ordre national.