La France de 2015 s'est donné les moyens d'être celle de
1984. Le risque d'un État panoptique, capable de surveiller
en masse les citoyens, n'est plus qu'un frisson littéraire de
George Orwell. L'ONU, les milieux «hacktivistes», des magistrats,
des avocats, des ONG, des politiques de droite ou de gauche, des
journalistes et tout ce que la République compte comme autorités
administratives indépendantes, tous le disent : la loi renseignement,
votée le 24 juin 2015 sous un gouvernement socialiste, sape l'idée
même que quiconque peut désormais se faire de sa vie privée.
Est-ce que si l'on n'a rien à cacher, on aimerait que cela se sache ?
Est-ce qu'au nom de la lutte antiterroriste, un État doit faire payer
aux libertés de tous le prix de la sécurité de chacun ?
Avant, les services secrets ciblaient des suspects pour les surveiller.
Désormais, ils peuvent surveiller le plus grand nombre pour voir qui,
dans la masse, serait déviant, avec un risque d'erreur et d'inefficacité
considérable. Aux États-Unis, le lanceur d'alerte de la NSA Edward
Snowden a révélé plus qu'un système d'espionnage mondial. C'est
un nouveau mode de gouvernance fondé sur un contrôle insidieux
des populations dont il est question. La France, à contresens de
l'histoire, est en train de commettre la même erreur.