Partant du postulat que l'imagerie fait partie intégrante du débat social, cet essai magistral étudie au prisme de la culture visuelle plusieurs grands débats sociaux qui ont défini à la fin du XIXe siècle l'idée de modernité : le corps et la sexualité, la foule urbaine, les émeutes et les dispositifs de contrôle social, les rapports entre la République et l'Église, le nationalisme, le militarisme et l'esprit de revanche français de l'époque.
Ce livre n'est pas un aperçu au sens classique de l'art dans la France des années 1890. Il porte sur une gamme très variée de techniques (les peintures prédominent, mais l'analyse concerne également les affiches, les caricatures et les illustrations de livres, la sculpture monumentale, les partitions de chansons ou le mobilier). Il se propose également de ramener au coeur du débat des oeuvres négligées, des artistes oubliés (Cottet, Carabin ou Adler), des images écartées par les historiens de l'art et qui jouissaient pourtant à l'époque d'une grande estime et entraient en résonance avec leur temps, au même titre que le travail de Degas, Pissaro, Seurat et Toulouse-Lautrec.
L'objectif principal de cet ouvrage est de montrer que la fabrication, la dissémination, l'interprétation et la compréhension - juste ou erronée - des images sont essentielles au fonctionnement d'une société moderne, contribuent à façonner les mentalités et peuvent nous permettre de mieux les appréhender.