La responsabilité de protéger
Le droit d'ingérence humanitaire, tel qu'il est aujourd'hui présenté, se comprend comme une éthique de détresse, une obligation de protéger les personnes en danger de mort. Cette obligation peut s'énoncer aussi comme une responsabilité : celle de protéger. Le terme « responsabilité » revêt ici un sens bien particulier. D'ordinaire, on est responsable de ce qu'on fait, de ce qu'on pose comme acte. La notion de responsabilité s'applique alors aux actes posés par un sujet conscient dans un contexte bien déterminé. On peut aussi être responsable de l'autre sans avoir à prendre de responsabilité à son égard. En effet, le visage d'autrui ne se réduit pas à une simple perception : il me convoque et me fait sortir de moi pour prendre soin de lui.
Être responsable est donc un devoir qui nous incombe chaque fois que nous entrons en contact avec autrui. On est responsable sur fond d'une loi intérieure qui nous pousse de manière irrésistible à prendre soin de l'autre - à plus forte raison quand il est en situation de détresse. Tout règlement, convention et disposition doit s'accorder avec cette loi intérieure en tant qu'elle traduit la nature profonde des relations humaines.
La responsabilité de protéger traduit en acte la nécessité impérative de prendre soin de l'homme, ou de la collectivité humaine en général, quand les conditions de son existence connaissent une détérioration significative, ou quand elles sont sur le point de le devenir.