Des années 1770 aux environs de 1820, les femmes participent
aux mouvements de réformes et de révolution qui bouleversent la
France, avant d'en être exclues, voire victimes ; c'est cette histoire
d'une révolte refusée que ce livre retrace.
Salonnières et amazones, harpies révolutionnaires et lécheuses
de guillotines, merveilleuses ou fanatiques contre-révolutionnaires :
les femmes sont présentes dès les premiers jours de la Révolution,
tout en étant perçues comme une menace pour les moeurs et pour
le pouvoir fraîchement acquis par les révolutionnaires. La guerre
civile radicalisant les positions, elles contribuent aux violences ou
elles les subissent. Tandis que les jeunes filles et les mères deviennent
les idoles de la République, les militantes politiques sont brutalement
marginalisées. Après la phase la plus sanglante de la Révolution, la
liberté du corps est vite canalisée par l'instauration d'une société
hiérarchisée exploitant sans scrupules le désir et la violence.
Pourtant la Révolution a recherché un idéal familial autour d'une
égalité entre époux, comme entre frères et soeurs, avant que l'Empire
ne rétablisse la primauté du mari et du père de famille. Car, contrairement
à ce qui est souvent dit, la Révolution ne tue pas la famille,
mais elle l'invente sur d'autres bases. L'histoire des rapports entre
hommes et femmes pendant ce demi-siècle donne ainsi une autre
lecture de la période. Entre histoire des moeurs et de la politique,
entre histoire sociale et culturelle, ce livre offre une interprétation
inédite, celle du «genre».