Au XVIIIe siècle, Saint-Domingue est le fleuron de l'empire colonial français. Dans cette société composite, les inégalités sont criantes. Attachés au maintien du système esclavagiste, les planteurs blancs souhaitent une plus grande autonomie de la colonie. Les « libres de couleur », fils d'esclaves affranchis, interdits d'égalité politique, investissent quant à eux les fonctions militaires, devenues une voie privilégiée d'ascension sociale. Les esclaves, enfin, sont prêts à la rébellion.
Avec les bouleversements de 1789, ces intérêts contradictoires entrent dans une phase de conflit ouvert, inaugurant plus d'une décennie de terribles violences. Viols, pillages, massacres, incendies participent, de part et d'autre, d'une stratégie réfléchie dont la finalité est l'anéantissement total du camp adverse. Ce chaos perdurera jusqu'à l'accession de l'île à l'indépendance, en 1804. Sur le long terme, ces affrontements paroxystiques et cette décomposition de la société ont laissé des séquelles dans le paysage politique et l'identité haïtienne, jusqu'à aujourd'hui.