«Dans l'avion je calcule que je ne suis pas retourné en Corse depuis la mort de mon père. Dix ans déjà, dix ans pendant lesquels je me suis remis de sa perte par une manoeuvre d'effacement... À la mort de mon père, au moment de bénir son cercueil, mon oncle m'avait prédit que je ne reviendrais au pays que pour l'enterrer. À l'époque, j'avais promis de renouer avec mon île, de passer mes vacances au village, comme le faisaient nombre de Corses du continent. Ce n'était pas pensable que cette prédiction se réalisât. Mais je n'ai pas tenu ma promesse. La faute en revient à mon travail hors de France qui produit des déracinés. Oh! j'ai une formule de repentir toute prête: le principal, n'est-ce pas? c'est d'avoir une pensée pour la terre de ses ancêtres, d'assister à leurs derniers instants.»
Roman du retour sur soi, des trajectoires de vies brisées par le destin, la société, les choix individuels, La ronde des fantômes raconte le lancinant ballet des figures perdues, ancêtres, parents, enfants et amis, dans le lent cheminement d'une vie déracinée. Et puis il y a la Corse, lentement effacée, mais portée au coeur comme un talisman et qui subitement réinvestit avec force ses territoires autrefois délaissés. Un roman optimiste donc, un roman de la reconquête.