Deux jeunes Indiens montèrent dans l'autocar en même temps que moi. Ils avaient un panier de bières et un gros morceau de « viande sauvage » (de la viande de caribou) enveloppé dans du papier journal.
- On va en pique-nique ? dit le chauffeur.
- Un mariage, dit l'un des Indiens.
- Ça va être un sacré mariage si vous buvez tout ça.
Les Indiens firent un large sourire. Nous avons démarré. D'un côté, la forêt, de l'autre, des baies rocheuses et des mouettes. J'ai cherché sur ma carte le nom des baies et des rivières qui dévalent à travers la forêt : Rivière-au-Bouleau, Rivière-Manitou, Rivière-au-Tonnerre...
Plein d'humour et de poésie, ce récit de voyage est aussi un texte d'initiation. Le routard qui nous parle est un intellectuel nomade et inversement : aux petits tracas quotidiens du voyageur, aux dialogues truculents avec Eskimo Joe ou avec d'autres personnages hauts en couleurs, alternent rêverie philosophique et références à une constellation d'écrivains et de penseurs libres, en première ligne desquels Henry David Thoreau.