La rusticité
Les systèmes d'élevages pastoraux, dont une large partie de la ressource fourragère provient du pâturage d'espaces naturels, s'appuient essentiellement sur des races dites « rustiques », communément présentées comme des races animales capables de s'adapter à des conditions d'élevage comportant de multiples contraintes (climat, altitude, accès à la ressource, offre fourragère aléatoire, etc.).
¤ Cette capacité d'adaptation attribuée aux races rustiques est-elle simplement liée à leur patrimoine génétique ? Ou bien est-elle acquise par la pratique en s'appuyant sur une certaine plasticité vis-à-vis du milieu ? Ou encore est-elle transmise par l'éducation des animaux (mère-petit ou éleveur-troupeau) ?
¤ Pourquoi et comment ces races rustiques sont-elles toujours au coeur de projets individuels ou collectifs ? Quelles dynamiques peuvent naître à partir de projets d'éleveurs - associés à d'autres acteurs de la recherche-développement - pour s'adapter sans cesse aux nouveaux enjeux agricoles et sociétaux ? La rusticité n'apparaît-elle donc pas comme l'expression d'une capacité d'adaptation à des situations inédites, voire improbables, bref au changement ?
¤ Et derrière les actions de maintien ou de relance de races locales, n'y a-t-il pas un besoin fort d'identification d'êtres humains à leur territoire ?
¤ Dans tous les cas, cette réflexion sur la rusticité nous ramène inévitablement à la dimension tout affective du lien fondamental entre les animaux et les hommes.
C'était là l'objet du séminaire annuel 2010 de l'Association Française de Pastoralisme, que de croiser les regards sur ce thème complexe. La multiplicité des réponses (parfois contradictoires) que génère le souhait d'objectiver la rusticité amène finalement à la considérer davantage comme une notion subjective, comme un choix, une projection, une intention sur l'objet, de la part de celui qui l'énonce, faisant de cet objet un sujet capable d'exprimer sa rusticité...