L'ambition de ce livre, publié pour la première fois en 1981 et traduit en italien (1989) et en anglais (1997), a été de faire entrer dans le territoire de l'historien cette terra incognita qu'a longtemps constitué la sainteté médiévale. Pour y parvenir, l'auteur a étudié le processus qui a conduit l'Église romaine, entre la fin du XIIe et le début du XVe siècle, à promouvoir des modèles de perfection à travers les procès de canonisation qui sont apparus et se sont développés à cette époque. L'enjeu était de taille, car la sainteté était la valeur suprême dans la chrétienté médiévale et les pouvoirs attribués aux saints étaient considérables. Les procès-verbaux des enquêtes qui furent alors menées dans ce but permettent de suivre l'évolution des représentations de la perfection chrétienne chez les clercs et chez les laïcs en fonction des inflexions de la spiritualité ; ils nous font également entrevoir l'existence chez ces derniers de représentations parfois divergentes de la sainteté, qu'il s'agisse de l'importance attachée aux miracles ou de l'existence de modèles alternatifs, comme la figure du « parfait » hérétique ou celle du martyr en milieu populaire.
Ce livre, qui a suscité depuis sa publication de nombreuses recherches sur les thèmes qui y sont abordés, demeure aujourd'hui une référence fondamentale, dans la mesure où il met en lumière les efforts déployés par la papauté médiévale pour étendre le contrôle de l'Église à tous les aspects de la vie religieuse des fidèles, y compris le choix de leurs protecteurs célestes.