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Peut-il exister une science à l’état pur, une science à la fois pure de toute scorie étrangère et de toute origine métisse ? La science impure raconte cette histoire de la quête impossible de cette pureté mythique, à propos des rapports entre la médecine et l’anthropologie dans quatre pays européens (France, Grande-Bretagne, Italie et Pays-Bas) depuis bientôt deux siècles. L’anthropologie médicale est née d’une série de rencontres tumultueuses entre des médecins, des ethnographes, des voyageurs, des administrateurs, des missionnaires et des amateurs de curiosités que ce soit en Italie avec la criminologie de Lombroso, aux Pays-Bas avec la médecine tropicale, en Grande-Bretagne avec les administrateurs coloniaux et la figure de Rivers ou en France avec l’anthropologie morbide de Morel. D’un côté, cette origine « impure » rappelle à l’anthropologie ses liens avec les sciences de la nature et de l’autre elle renvoie la médecine à la dimension sociale de toute relation de soi. En ce sens il n’existe pas de science pure, et toute purification est illusoire. C’est pourquoi l’histoire de l’anthropologie médicale fourmille de personnages inclassables de façon simple entre les deux catégories du normal et du pathologique : épileptiques, criminels, primitifs, ouvriers, suffragettes, paysans du Mezzogiorno, mais aussi goutteux, diabétiques ou scrofuleux, liste qui montre à elle seule la relativité des catégorisations en fonction de l’histoire et de la culture. Nicoletta Diasio, dans un français souvent flamboyant, nous invite à un voyage épistémologique à travers l’Europe. Partant au XIXe siècle elle aboutit, grâce à des entretiens menés en français, italiens et anglais à l’anthropologie telle qu’elle se fait aujourd’hui à Londres, Paris, Rome ou Amsterdam. Inventaire d’une richesse faite de différences, La science impure met en scène le rapport entre savoirs et sociétés, application et implication, purisme et métissage, universalisme scientifique et repli identitaire.