Plus d'un siècle après l'introduction coloniale de la procédure de l'immatriculation foncière en Afrique, la propriété privée de la terre y reste l'exception. Alors que les procès de production sont de plus en plus largement soumis aux lois du marché, la terre n'est pas un bien librement échangeable et sa « marchandisation » reste sinon nulle, au moins superficielle et imparfaite. Cette nouvelle édition de la sécurisation en Afrique reprend l'édition de 1996, mais enrichie d'un dossier d'actualisation qui, dans le cadre d'un « retour sur expériences », met en évidence la place renouvelée des communs. Le lecteur y retrouvera des problématiques qui sont maintenant devenues des voies usuellement parcourues par les observateurs du foncier.
Le cadre novateur de cet ouvrage est constitué par la théorie des maîtrises foncières, laquelle permet de penser la propriété selon les exigences contemporaines de la pluralité des droits et des acteurs sur des espaces-ressources aux configurations variables suivant le mode concret de leurs utilisations. Plutôt que d'envisager la généralisation de la propriété privée des terres et des ressources comme la seule solution au mal-développement, à l'insécurité et à la dégradation des ressources naturelles, cet ouvrage explore les voies d'une sécurisation foncière d'acteurs composant en permanence des solutions opportunes, associant les pratiques coutumières d'accès et d'usage et les formes « modernes » d'inscription des droits dans des cadastres et des registres fonciers.
S'y ajoute la reconnaissance des forums fonciers, destinée à donner autorité, légitimité et efficacité aux nouveaux modes de gestion qui s'inventent et évoluent avec les transformations des mondes ruraux. La combinaison de modes de gestion inclusifs et exclusifs des espaces ressource pour la constitution de nouveaux « communs » constitue un des défis contemporains de la sécurisation foncière auxquels cet ouvrage tente d'apporter les premières réponses.