Trois délires politiques mortifères hantent notre époque. Dans le premier, le délire occidental, la pléonexie (vouloir toujours plus) à l'oeuvre dans le néolibéralisme se transforme en risque de tout perdre (dislocation des subjectivités, déchirure du lien social, épuisement de la planète, destruction des bases mêmes de la vie sur terre).
Le second, le délire théo-fasciste de l'islamisme djihadiste prétend, contre l'égoïsme érigé en système et la démesure caractérisant l'Occident, restaurer une pureté absolue. Or, quand cette pureté originaire revendiquée se réalise, elle se transforme en souillure et en horreur absolues.
Le troisième, le délire identitaire néofasciste (qui monte aujourd'hui partout en Europe) se présente comme le seul rempart possible contre les deux premiers. Contre la mondialisation néo-libérale, il prône un retour à la patrie. Non pas une patrie fondée sur un principe universaliste (du type « liberté, égalité, fraternité »), mais une patrie refermée sur elle-même, désignant des boucs émissaires, les étrangers, pour que des acolytes réputés « amis » se regroupent et décrètent contre ces « ennemis » l'« état d'exception ».
Ces trois délires tendent de plus en plus à former système : on ne sort de l'un que pour entrer dans l'un des deux autres.
Puisqu'aucun des garde-fous démocratiques (Etat, médias et université) ne fonctionne plus, il faut songer à tout refonder à partir des principes de dignité et de commune humanité, également bafoués par ces trois délires. Il se pourrait bien que le travail actuellement fourni par Les Convivialistes puisse fournir les bases de cette reconstruction -probablement une des dernières possibles avant la catastrophe annoncée.