Jusqu'en 2001, la jurisprudence interdisait de demander réparation
pour les actes du «gouvernement illégal de Vichy». Aussitôt levée cette amnistie
de fait, Georges Lipietz - le père d'Alain Lipietz - et son frère Guy S. demandèrent
réparation pour leur transfert et leur emprisonnement de Toulouse à Drancy en 1944,
dans le cadre de la déportation des Juifs. En 2006, le tribunal administratif
de Toulouse condamnait l'État et la SNCF. Celle-ci fit appel et, en 2007,
la justice administrative se déclarait incompétente...
C'est cette épopée judiciaire que relate ici Alain Lipietz, ainsi que les remous
qui en découlèrent dans l'opinion. Occasion d'ouvrir un débat autour de l'amnistie
et du délai pour demander justice, de la responsabilité d'une personne morale et, bien
sûr, de la responsabilité propre de la SNCF. Des travaux historiques récents ont en
effet mis au jour des archives inédites - qui modifient radicalement l'image
de la SNCF comme «entreprise résistante», et nous appellent à une nouvelle lecture
de son rôle dans la Shoah. Autant de questions qui convergent vers
cette interrogation essentielle : pourquoi faire justice ?