La France est engagée dans un cercle vicieux dont les coûts
économiques et sociaux sont considérables. Depuis plus de vingt ans,
des enquêtes menées dans tous les pays développés révèlent qu'ici
plus qu'ailleurs, on se méfie de ses concitoyens, des pouvoirs publics
et du marché. Cette défiance allant de pair avec un incivisme plus
fréquent...
Or la défiance et l'incivisme, loin d'être des traits culturels immuables,
sont alimentés par le corporatisme et l'étatisme du modèle social
français. En retour, le manque de confiance des Français entrave leurs
capacités de coopération, ce qui conduit l'État à tout réglementer
et à vider de son contenu le dialogue social.
En comparant les relations entre les performances économiques
et les attitudes sociales dans une trentaine de pays du début
des années 1950 à nos jours, Yann Algan et Pierre Cahuc montrent
comment ce déficit de confiance réduit significativement l'emploi,
la croissance et, surtout, l'aptitude des Français au bonheur.