Voilà que les sciences sociales contemporaines
se prennent de passion pour les «émotions».
Mais le risque est grand que ce «tournant émotionnel»
les fasse tomber dans un individualisme
sentimental qui porte à son comble l'abandon
des structures, des institutions et des rapports
sociaux, par construction coupables de ne pas
faire de place aux choses vécues.
Comment articuler les affects et les désirs
des hommes avec le poids de détermination des
structures ? Comment penser ensemble ces deux
aspects également pertinents - et manifestement
complémentaires - de la réalité sociale, que rien
ne devrait opposer en principe ? Tel est le projet
d'un «structuralisme des passions», à travers
lequel Frédéric Lordon s'attelle à la destruction
du socle métaphysique de la pensée libérale.