En 1958, le philosophe Henri Lefebvre a 57 ans. Il a milité 30 ans au Parti communiste. Or, on l'a suspendu. On lui reproche... d'être philosophe. Il décide de rédiger un bilan de son itinéraire. Ce « livre du philosophe » est pour lui l'occasion d'évaluer son implication politique et philosophique, mais aussi son expérience amoureuse. La somme et le reste paraît pour la première fois en 1959, en deux volumes. Il a été réédité en 1973 (en version abrégée), puis en 1989 en un volume. Cet ouvrage a pu être situé comme l'un des plus importants de l'histoire de la philosophie. Il est une méditation sur l'aliénation, le dogmatisme, l'invention de soi avec et contre les institutions. Il est un modèle d'autobiographie écrite avec rigueur qui s'efforce de saisir l'universel à travers la particularité du vécu personnel. Il indique une voie pour l'analyse institutionnelle, intégrant à la fois le vécu singulier et l'histoire sociale. Aujourd'hui, le dogmatisme est partout. Alors qu'en 1959, il était au Parti, maintenant il a envahi l'entreprise, l'université, la recherche, le quotidien. Ce livre porte donc une espérance nouvelle. Comment se construire, malgré l'institution ?