La souffrance animale fait aujourd'hui partie des préoccupations altruistes ainsi que de notre sensibilité commune. Mais ce n'est pas le cas à l'époque médiévale et classique, jusqu'au XVIIe siècle. Pourtant, après le choc de la réforme luthérienne, quand la peinture flamande hollandaise se détourne des scènes mystiques au profit d'images de la vie quotidienne, on voit surgir des représentations de la souffrance animale : corps gisants des boucheries, scènes de chasse brutales et cruelles. L'origine de ce nouveau thème est obscure car les images gothiques et les « Primitifs Flamands » ne présentent rien de semblable. Il y a bien une tradition picturale de l'animal mais il ne souffre pas, et si la souffrance est présente, elle est humaine (supplices, Enfer) et souvent auréolée de sainteté (martyre). Paradoxalement, c'est dans les « diableries » de Jérôme Bosch que l'animalité et la torture se rencontrent, ouvrant la voie à l'image flamande-hollandaise de l'animal souffrant.
Les amis des bêtes tout comme les amateurs d'art trouveront dans ces pages un aliment imprévu à leurs réflexions.