Alors qu'elle vient de perdre Camille, sa fille de seize ans, Sophie Daull se penche sur le passé de sa mère, Nicole, une femme mystérieuse, disparue elle aussi, il y a trente ans. Munie de maigres indices - quelques lettres et photos tenant dans une boîte à chaussures -, elle entreprend de déchiffrer les lieux et paysages où Nicole a vécu, les visages qu'elle a connus, et tente de reconstituer ainsi une existence troublante.
À larges aiguillées joyeuses, poétiques ou bancales, l'auteure va coudre passé et présent, fiction et réalité, grand-mère et petite-fille, dans ce roman en forme d'enquête généalogique, qui vagabonde dans la France de l'après-guerre jusqu'aux années 80.
Se dessine ainsi la figure de Nicole, dont la frêle beauté et la timidité intriguent, porteuse d'une énigme qu'elle semble elle- même ignorer, chahutée depuis l'enfance par les rudesses d'une vie sans ménagement. Nicole, que le lecteur débusquera avec émotion derrière ses larges lunettes et la fumée de ses Gitanes...
« Plus j'avance dans la recomposition de son existence, plus je me figure ma mère comme la Petite Sirène, qui a troqué sa voix contre des jambes. Quel en fut le salaire ? Quel est le prix du reniement ? Passer sous silence toute une enfance, toute une jeunesse, c'est s'acheter des habits neufs, les voler peut-être, et s'en vêtir comme d'un déguisement.
Je crois que mon père a rencontré une femme déguisée. »