Ces mémoires algériens étaient uniquement destinés à ma famille
et, plus essentiellement, à mes fils, tous trois nés à Toulouse quelques
années après le 1er juillet 1962, terme de mon récit. En l'an 2005
encore, mes fils ignoraient à peu près tout de ce que nous avons vécu
dans notre Algérie entre novembre 1954 et la date fatidique de notre
départ de «là-bas». Les grandes douleurs, on le sait, ne s'extériorisent
pas aisément.
C'est à la relecture de mon travail, enfin douloureusement achevé,
un travail où j'ai livré en toute sincérité toute ma vérité, qu'il m'est
soudainement apparu combien cette narration peut bien illustrer
l'itinéraire qui avait conduit un jeune pied-noir, n'ayant rien d'un va-t-en-guerre,
à s'engager, pour ce qu'il a estimé être un devoir, dans un
combat maladroit, hasardeux et sans gloire. Un combat qu'il ne renie
pas.