Dans le cadre des débats actuels autour de ce que l'on appelle The mind and body problem, la conception spinoziste de l'unité du corps et de l'esprit est souvent invoquée comme un modèle et une référence, susceptibles d'éclairer l'approche théorique du problème et de fonder une nouvelle pratique scientifique. Contre l'erreur mémorable de Descartes, le neurobiologiste Antonio Damasio proclame ainsi que Spinoza avait raison. Qu'en est-il exactement ? L'auteur de l'Éthique invite, semble-t-il, à mettre un terme aux querelles entre monistes et dualistes en proposant de penser l'esprit et le corps comme un seul et même individu concevable sous deux expressions physique et mentale. C'est cette solution originale et ses usages contemporains qui sont examinés ici à la lumière des recherches les plus récentes. Il s'agit tout autant de revenir sur la doctrine, mal comprise sous le nom de « parallélisme psychophysique », que de faire le point sur son utilisation au XXe et XXIe siècles, dans le cadre des philosophies du langage et de la déconstruction, ainsi que dans les domaines de la neurobiologie, de la psychanalyse ou encore de la toute nouvelle psychomotricité.