Dans l'impossibilité de s'instaurer ex nihilo, toute société doit définir la nature des rapports que ses valeurs, ses normes, ses institutions et ses moeurs actuelles entretiennent avec celles qui gouvernaient son passé. Ces rapports se situent entre deux pôles : celui de la reconduction et de la reproduction les plus fidèles d'une part ; celui de la rupture et de l'arrachement d'autre part. Les sociétés voisines du premier pôle seront qualifiées de « traditionnelles » ; celles plus proches du second seront appelées « modernes ». On réservera le qualificatif de « traditionalistes » aux sociétés ou sous-groupes sociaux qui, au sein du monde moderne, veulent ouvertement, sinon restaurer, du moins rester inconditionnellement fidèles à des principes, règles et modes de vie subvertis par la dynamique de la modernité. Après avoir examiné la polysémie de la tradition et du rapport à la tradition, l'ouvrage étudie en détail trois cas particuliers de la dialectique entre tradition et modernité : la sécularisation du christianisme et les mutations contemporaines des croyances et pratiques religieuses ; la tension entre contractualisme et traditionalisme dans la constitution et les manifestations de l'appartenance nationale républicaine ; la « tradition du nouveau » dans les arts plastiques.