La traite des noirs
Drame en cinq actes suivi de documents inédits
Voici, rééditée pour la première fois, une oeuvre curieuse, hybride. Ce drame à grand spectacle, joué pour la première fois au Théâtre du Cirque-Olympique le 24 avril 1835, a surtout ébloui par le « réalisme » de ses scènes nautiques. Mais si la pièce est liée aux progrès de la mise en scène, elle se rattache aussi aux récits de voyage et à la littérature maritime de son époque (notamment au Négrier d'Edouard Corbière), ainsi qu'aux écrits et discours des abolitionnistes tels l'abbé Grégoire, la Société de la Morale chrétienne et la Société française pour l'abolition de l'esclavage. Certes, nos dramaturges savent que la traite a été officiellement abolie en 1815, mais ils n'ignorent pas qu'elle se pratique toujours de manière clandestine en 1835. C'est pour dénoncer ce trafic illégal et inhumain qu'ils ont écrit leur pièce.
« C'est tout un plaidoyer en faveur de ces malheureux nègres, abrutis par le fouet des colons, et victimes de l'aristocratie de la peau : mais un plaidoyer énergique, rehaussé par l'intérêt de la scène, la pompe du spectacle, la magie des décors, et tout le mouvement, tout l'intérêt que prête l'action dramatique. [...]
Puisse le spectacle véridique des affreuses tortures que nos colons font subir aux hommes de couleur fortifier l'antipathie publique contre des vendeurs de la chair humaine ! »
L'Entr'acte (26 avril 1835)