Deux territoires du colonialisme français dressent le décor de ce roman. D'abord le Viêtnam, où le narrateur passe l'essentiel de son enfance. Puis, à l'adolescence, après la chute de Diên Biên Phu, l'Algérie, où lui-même et les siens tentent de prendre un "nouveau départ". Car d'un lieu à l'autre se reforme bientôt la même petite société d'expatriés qu'unissent l'amertume d'une position perdue, la farouche volonté de se réenraciner, et le dévouement au service plus ou moins occulte de l'Etat français.
Mais ce livre, c'est aussi l'histoire d'un fils subissant avec stupeur la violence et les crises éthyliques de son père, dont la brutalité peu à peu le libère du sentiment filial, plaçant son destin sous le signe d'une haine presque mimétique - impatiente de s'accomplir quand viendra l'heure de "faire son devoir".
Avec ce roman d'apprentissage et d'initiation à la vengeance, Arnauld Pontier explore le métabolisme affectif d'un conflit colonial qui surgira du plus profond, comme une catharsis.