Je ne savais pas si j'espérais que Tjaden sortirait bientôt de la baraque pour que nous rentrions à bord nous coucher, ou bien si je souhaitais rester encore avec le garçon, même sans nous parler. Car j'avais un peu peur. A nos pieds, sous les détritus qui flottaient, je devinais l'eau noire, et les ténèbres profondes et insondables, là où peut-être la tristesse et la mélancolie se cachaient. Mais il me semblait que l'odeur du garçon et sa fragile silhouette avaient le pouvoir, comme si je les connaissais depuis longtemps, de les tenir à distance.
Un bateau fait escale à Haïti. Tous les marins s'apprêtent à profiter des plaisirs qu'offre la terre ferme. Tous, sauf le narrateur et son ami Tjaden, consignés à bord...
Dans cette histoire d'amitié fragile, suspendue entre deux temps, Hubert Mingarelli excelle à faire parler les silences et les non-dits.
Barthélémy Toguo explore la face ombreuse du texte et ses dessins s'immiscent en deçà des mots, tracent avec vigueur l'esquisse d'une humanité tendue et oppressée.