« Nous voulons que le monde sache que nous avons aussi besoin d'exhumer notre histoire, notre mémoire, notre vérité. »
Vicente Raymundo Matón, 38 ans. Maya-ixil.
Le peuple maya du Guatemala a vécu une nouvelle tragédie dans les dernières décennies du XXe siècle : en pleine Guerre froide, l'armée guatémaltèque a appliqué la stratégie de la terre brûlée, éliminant ainsi des communautés entières d'Indiens. Plus de 200 000 personnes ont été massacrées, 45 000 portées disparues et 430 communautés mayas ont été rayées de la carte. Ce fut sans conteste le conflit le plus tragique d'Amérique latine, mais aussi le plus ignoré.
Les accords de paix signés entre la guérilla et le gouvernement guatémaltèque le 29 décembre 1996 et les deux commissions de vérité ont permis le démarrage d'un long processus : retrouver les victimes, localiser les fosses communes et les charniers, exhumer les cadavres, tenter une identification et rendre enfin les corps et les « disparus » à leur famille. Durant plus de deux ans, le photographe Miquel Dewever-Plana a suivi ces experts et rencontré les survivants. Il a pu ainsi réaliser une série de portraits saisissants et d'émouvantes scènes d'exhumation Les photographies sont accompagnées de témoignages sur ces années terribles et de « lettres » adressées par les vivants aux morts enfin retrouvés. Ce livre rend compte du sort réservé aux Indiens sur tous les territoires prospères du continent latino-américain, victimes de la convoitise des grands propriétaires terriens guidant les bras des militaires, ou de celle de puissances étrangères.
Ces photographies et ces témoignages sont aussi un signe d'espoir pour les Mayas qui par leurs témoignages ont aidé les anthropologues légistes à mettre à jour la vérité, celle cachée sous la terre depuis un quart de siècle.