Sait-on ce que c'est que la verve ? Chacun peut la voir à l'oeuvre,
l'entendre, en parler, qu'il s'agisse de caractériser la manière d'être
d'une parole vive ou le style d'un écrivain, voire d'un artiste en
général. Si la notion ne revêt a priori aucune légitimité critique et
brille par son absence dans la tradition rhétorique, elle affleure
néanmoins avec insistance comme une possible catégorie esthétique
dont on voudrait ici esquisser les contours. Car elle permet
de penser et de dépasser une série d'oppositions binaires : verve
orale (improvisée) ou verve écrite (réfléchie) ; bavardage ou parole
inspirée ; verve de personnage ou verve d'auteur ; verve gaie ou
verve sombre ; verve profuse ou «verve courte».
Au-delà de ces ambivalences, ce qui s'y joue relève peut-être de
l'excès comme indissociable compensation d'un manque énigmatique.
Il s'agit donc d'éprouver la valeur et l'efficacité de la notion
dans le champ critique moderne.