Au lendemain de la défaite et de la capitulation sans condition, les artistes enseignants ont joué un rôle déterminant dans le renouveau de la vie culturelle en Allemagne après 1945. Expositions et émergence de nouveaux mouvements, comme les groupes SPUR et ZERO, en témoignent. Fondé sur un considérable travail en archive et la collecte de témoignages précieux, cet ouvrage analyse les institutions d'enseignement artistique des quatre zones d'occupation - devenues en 1949 la RFA et la RDA. L'enseignement artistique dans l'ensemble des territoires occupés n'avait jamais encore été considéré dans sa globalité. Or, il a fortement contribué à la rééducation voire à l'éducation à la démocratie de la jeune génération. Celle-ci a bénéficié de la transmission des savoirs par les aînés, hantés par l'expérience du national-socialisme. Cet aspect très particulier de l'évolution de l'Allemagne met en lumière les interactions entre les enjeux politiques, idéologiques, socio-économiques et intellectuels. Ainsi, l'interprétation de la notion de « démocratie » est différente selon les occupants, suscitant des débats idéologiques autour du formalisme notamment. En 1950 se produisit une nouvelle querelle des « Anciens » et des « Modernes » à Darmstadt, autour de l'historien de l'art Hans Sedlmayr d'une part et du peintre Willi Baumeister de l'autre. Des questions se posent: Que signifie la liberté artistique ? Quelle a été l'influence de ces controverses sur l'enseignement et sur l'art allemand d'après-guerre ?