Adrian Putney aurait pu exister : c'est un poète anglais disparu à Dunkerque en 1940. Il a écrit des livres et aimé une femme, elle aussi disparue en France à la même époque. A partir de ces données d'une histoire littéraire réinventée, un homme, à son tour, s'invente une mémoire. Dans les rues de Londres qui sont autant de signes, d'appels, de phares, cet homme marche, cherche, s'épuise à tisser la trame d'un réseau de souvenirs créés peut-être de toutes pièces. Et dans cette toile serrée, lentement, avec la délectation suprême des grands abandons, l'homme se laisse emprisonner, asphyxier : peu à peu il oubliera tout du présent, jusqu'à l'incident qui a provoqué cette crise - une vieille femme rencontrée dans un parc et qui pourrait avoir été la maîtresse d'Adrian Putney - pour ne plus habiter que les fantasmes d'une mémoire absente.