Aussi par jeu le soir elle éteint la lumière, elle éteint la lumière pour l'attendre dans l'obscurité, tout au fond tapie dans le fond de la maison, et lui, comme il entre à tâtons et la cherche et se heurte aux obstacles qu'elle a posés de-ci de-là, comme il entre à tâtons et la cherche il renifle avec force, renifle son odeur et quand il l'a trouvée alors il ouvre grand la bouche au fond de la maison, il ouvre grand la bouche où elle jette la table et les chaises et toutes sortes de choses de la maison, les jette au fond de son gosier pour apaiser sa faim avant de se jeter sur lui dès que le jour s'approche.
C'est ainsi que l'auteur évoque la vie des ogres : en permanence occupés à s'unir puis à se dévorer, les ogres ont la farouche volonté de survivre, préfigurant la terrible condition humaine.
A travers la répétition des scènes et des mots, le texte devient lancinant, presque enivrant, et on se retrouve entraîné et bouleversé par cette tumultueuse «vie des ogres».