Manchester, 16 août 1819. Quelque 60 000 personnes, hommes, femmes et enfants, surtout des ouvrières et ouvriers du textile, sont rassemblées pacifiquement pour des réformes démocratiques. A peine le meeting a-t-il commencé que la troupe charge et sabre la foule, tuant 15 personnes et en blessant plus de 600 : c'est le massacre de Peterloo. Le tisserand Samuel Bamford (1788-1872) avait conduit les habitants de sa ville jusqu'au rassemblement. Dans ses mémoires, il a laissé le récit le plus saisissant de l'événement qui nous soit parvenu. Il raconte d'une plume alerte son engagement dans l'agitation radicale entre 1816 et 1821, une époque de récession économique et de crise politique. Bamford emmène ses lecteurs dans les tavernes pour des réunions radicales, dans les prisons et sur les routes du pays qu'il traverse à pied. Il nous fait rencontrer les radicaux célèbres de l'époque, mais aussi une foule d'anonymes des classes populaires.
Ces mémoires exceptionnels, publiés entre 1839 et 1842, « une lecture essentielle pour tout Anglais », selon l'historien E.P. Thompson, paraissent en français pour la première fois.