Nous avons été ainsi conduit à donner dans ce travail une place très importante à l'étude du passé. Nous ne nous sommes pas arrêtés à la règle quelque peu scolaire qui veut que le géographe n'étudie dans le passé que ce qui survit dans le présent. On ne trait nulle part les brebis en Ariège, mais nous avons pourtant étudié avec soin les anciens ORRYS laitiers. L'orpaillage, les forges catalanes, les migrations saisonnières ont disparu ; nous nous y sommes néanmoins attaché assez longuement. En fait, nous avons cru que, pour comprendre la vie actuelle des Pyrénées Ariégeoises, il fallait évoquer dans sa totalité leur passé économique et social.
Nous ne prétendons nullement que cette méthode ait une valeur générale ; mais nous la croyons justifiée pour ce pays dépeuplé, dont la vie, notamment la vie rurale, n'a évolué que tardivement et partiellement. Cette vie rurale s'est, au XXe siècle, appauvrie plutôt qu'elle n'a progressé. Plus ou moins déclinante, la vie agro-pastorale traditionnelle continue en fait à constituer le centre de la vie humaine des Pyrénées Ariégeoises. Sur bien des points, c'est l'étude rétrospective de celle-ci qui se révèle la plus attachante et la plus riche d'enseignements.