Dans le parcours d'une vie, de 1959, année de sa naissance - qui est aussi l'année de la « révolution castriste » - à nos jours, Zoé Valdés, forte d'une vie de romancière, poète et essayiste aux quarante ouvrages, revoit et revit les moments forts de son existence. Sa plume alerte, brillante et luxuriante, recrée cette vieille ville de La Havane où elle est née et a grandi dans un de ces anciens immeubles coloniaux tombés en ruine qu'on appelle les solares, avec toutes les privations d'une classe défavorisée, et surtout toutes les contraintes d'un régime autoritaire. Elle n'a de cesse de condamner la tyrannie qui la suit et l'opprime depuis qu'elle a ouvert les yeux sur la vie et dans cette île paradisiaque devenue un enfer, et qu'elle appelle ici, non sans rappeler la trouvaille linguistique d'un Musil, Cacania (Cagonia) . Regardant Cuba et son passé depuis le rivage de son exil, tout en réfléchissant à son art d'écrire et à cette alchimie, elle livre ici un témoignage qui, pour être truculent et vif, n'en est pas moins marqué par l'amertume d'une réprouvée qui, au milieu des épreuves et franchissant tous les obstacles, affirme sa forte personnalité, trempée dans une encre multicolore qui imprime à chaque page le sceau d'un talent singulier.