Durant l’année 1907, Félix Vallotton se consacre à l’écriture d’un roman sombre et désillusionné, en partie autobiographique. "La Vie meurtrière", publié à titre posthume en 1927 avec sept dessins de l’auteur, raconte l’histoire de Jacques Verdier, un jeune peintre qui s’est suicidé d’une balle dans la tête à son domicile. Le commissaire de police dépêché pour l’enquête découvre sur place le manuscrit d’un roman intitulé "Un amour". Celui-ci relate à la première personne une série noire de morts plus ou moins accidentelles que l’auteur a - ou aurait - causé tout au long de sa vie. Il prend conscience qu’une sombre fatalité entraîne la mort des personnes qu’il aime. Se sentant coupable de cette funeste malédiction, il ne peut en finir que par le suicide. Félix Vallotton, dont l’œuvre se compose de plus de 2000 peintures et gravures mais aussi de trois romans, décrit ici sans concession aussi bien le mal-être d’un jeune artiste que le malaise de la société. Sa vision amère et pessimiste de la vie et son regard acéré sur la noirceur de la petite bourgeoisie rappelle les zones d’ombre recouvrant certaines de ses toiles.