La personne en situation de handicap, atteinte dans son intégrité, nous renvoie une
image dans laquelle nous avons peur de nous reconnaître. Le sujet handicapé est
porteur d'une telle souffrance que nous préférons penser qu'il n'en est pas
conscient et imaginer qu'il n'a pas les capacités intellectuelles de penser la situation
qui est la sienne. Il suscite un tel sentiment d'inquiétante étrangeté que nous préférons
détourner le regard et fermer nos oreilles.
Lorsque son entourage parle de lui, c'est le plus souvent en termes d'organisation
matérielle de la vie : insertion sociale, appareillages, rééducations, emploi du temps.
Mais il est rarement question de sa vie psychique. Comment comprend-il sa situation,
? Qu'en pense-t-il ? Qu'imagine-t-il pour le futur ? Comment vit-il les frustrations
permanentes ? Quels choix de vie voudrait-il faire ? Ces questions semblent
frappées d'un interdit.
Les auteurs de cet ouvrage, issu du troisième séminaire interuniversitaire sur le handicap,
partent de l'hypothèse que toute personne humaine, aussi démunie soit-elle,
a quelque chose à dire de sa position subjective. Encore faut-il l'entendre... et
accepter de questionner les présupposés qui nous empêchent de nous identifier à
une personne si différente, si loin de notre expérience quotidienne, de nos certitudes
perceptives et de nos éprouvés corporels, pour découvrir son monde intérieur.