«Pendant les deux années qui suivirent le divorce, maman
m'emmena de plus en plus vers l'ouest, comme à la poursuite
du soleil couchant, déménageant d'un lieu à l'autre. Elle était
hantée par la terreur de me voir enlevé par mon père, alors
que ses craintes étaient, en réalité, infondées. C'était à la
lettre une vie "au vent mauvais, pareille à deux feuilles
mortes...", mais j'en ai gardé un souvenir flou. Probablement
les déménagements étaient-ils si fréquents qu'aucun lieu n'avait
le temps de m'impressionner. Or, nous étions à K. depuis déjà
six mois quand Tête-de-mule débarqua à l'improviste.»
Un homme d'une quarantaine d'années se souvient de son
enfance. Seul avec sa mère, lorsqu'il n'avait qu'une dizaine
d'années, il a reçu la visite de son grand-père, surnommé
Tête-de-mule, venu mourir près d'eux. Le vieil homme, au
comportement mystérieux, évoque sa jeunesse devant le petit
garçon. Une atmosphère poétique se dégage de cette rencontre
chaleureuse, inattendue. Sans bien comprendre l'existence
de sa mère, sur laquelle l'enfant dispose d'indices étranges, il
décrit les événements quotidiens que vit cette famille atypique.
Ce premier roman pour adultes d'une romancière qui
écrit habituellement pour la jeunesse est une révélation : il la
place au premier rang de la littérature japonaise.